Le blog de Sylvain Attal/ "La vie n'imite pas l'Art, elle imite la mauvaise télévision." W.Allen

21 février 2006

Les Juifs ont plus d'argent

Une bande de délinquants de banlieue imagine un moyen de se faire beaucoup d'argent facilement, en s'inspirant du fameux scenario de "l'appât". Rien de politique.
Des jeunes filles bien faites, aguicheuses sont chargées de sélectionner des victimes. Le chef de la bande qui aime être appelé le "chef des barbares" recommande de choisir de préférence des Juifs. les Juifs ont plus d'argent.
Plusieurs tentatives d'enlèvement échouent. Tous les otages potentiels ne sont pas juifs. Le jeune Ilan est enlevé. Il l'est. Pendant sa séquestration des clichés sont pris, qui représentent des simulacres d'enlèvement "à l'irakienne". Rien de politique. Seulement un effet d'imitation.
Pendant la détention, un des "geôliers" écrase sa cicatrice sur le front de "l'otage". Rien de personnel. Il n'aime pas les Juifs. Les Juifs ont de l'argent. Pas lui.
La famille d'Ilan, désemparée, est incapable de réunir la somme astronomique demandée. Les ravisseurs n'en n'ont rien à faire : "Allez dans les synagogues!" Au passage l'un d'eux prononce un verset du Coran. Les Juifs ont de l'argent et sont solidaires.
Pendant les 21 jours de détention, "l'otage" est trimbalé à plusieurs reprises. On imagine dans quel état. Il est vraissemblable que de nombreux habitants de la cité de Bagneux ont été témoins de ces "transferts". Ils n'ont rien dit. Les Juifs ce n'est pas leur affaire. Les Juifs ont de l'argent. Pas eux.
Tous ces faits sont extraits des articles de presse, issus d'indiscrédtions, de fuites. Plus personne, en France, ne respecte le secret de l'instruction. Quand elle sera terminée, tous ne seront peut-être avérés. N'oublions pas qu'il s'agit de "présomptions".
Je ne sais pas ce qui restera de tout celà lorsque viendra le procès. Je sais seulement, pour avoir travaillé sur ce sujet pendant longtemps, qu'il me semblait malheureusement inévitable qu'un jour ou l'autre le poison de la haine antisémite fort répandu dans ces banlieues ne fasse un jour une victime. Même si l'antisémitisme n'est ici qu'une motivation secondaire, elle semble bien présente.
Reste les questions:
Affaire d'antisémitisme ou de violence barbare et ignorante? Est-ce contradictoire?
Pourquoi, comme le révèle Proche-Orient info, le premier ministre a-t-il tenté de garder le secret sur ces présomptions d'antisémitisme? L'apaisement, toujours l'apaisement? Il avait la procédure pénale de son côté. Le garde des sceaux a-t-il bien fait de dévoiler les soupçons des magistrats instructeurs?
La fuite était-elle déjà organisée ailleurs et fort opportunément le jour du dîner du Crif?
Pourquoi autant de gens ont-ils tant de mal à concevoir que l'antisémitisme ne soit pas forcément une motivation politique mais puisse faire bon ménage avec une entreprise criminelle?
Pourquoi admet-on facilement qu'on puisse être assassiné parce qu'Arabe ou Noir mais pas parce que Juif?
Pourquoi ne dit-on nulle part que la mère d'Ilan est employée du Crif? Pourquoi cette pudeur? On comprend la volonté de discrétion. Mais ce fait explique pourtant la présence, à première vue déplacée, de ses representants aux obsèques du jeune homme, alors qu'il ne s'agissait, alors, que d'un crime purement crapuleux?

7 commentaires:

Anonyme a dit…

Alors merci de dire que le Crif n'aurait sans doute pas été present à l'enterrement d'Ilan si sa mère n'avait ete employée là bas...Etonnant que Cuckerman ne l'ai jamais signalé non plus dans ses interventions...

Merci pour votre blog

Anonyme a dit…

A propos de l'édition de Libé d'hier ci-joint un petit billet faisant notamment le point sur la chronique poisseuse de Pierre Marcelle !

Libé, sur l'édition du jour !

Anonyme a dit…

Ce qui est révoltant c'est que nous avons créé une société capable d'engendrer ce type de crime...
qu'un gamin se fasse enlever et torturer dans un immeuble où personne n'intervient...c'est révoltant !
qu'une génération de jeunes élevés dans la violence des jeux vidéos , la violence des programmes télé (que tout le monde regarde avec complaisance) , le non respect des autres et de soi même, le non respect de la vie , soit capable de préméditer et de réaliser un tel acte de barbarie...c'est révoltant !

Le pauvre Illan aurait pu être vietnamien , protestant ou homo , on s'en fout ! je ne suis pas plus ou moins révolté parce qu'il est juif ! je suis écœuré de me rendre compte de la banalisation de ce type de faits divers .

tu prends une grenouille et tu la mets dans l'eau chaude , elle va sauter et s'enfuir de la casserole...mais tu prends une grenouille , tu la mets dans l'eau froide , tu montes tout doucement le feu et la grenouille finira ébouillantée...
Nous sommes des grenouilles , la température monte et on ne s'en rend pas compte.
"Jusqu'ici tout va bien" disait Mathieu Kassovitz il y a 10 ans...

Sylvain Attal a dit…

Marcelle est en effet abject.
Quand au Crif je me suis mal expliqué: J'estime qu'en l'abscence de fait accréditant la thèse antisémite, et même si la famille la mettait en avant, le Crif n'avait rien à faire aux obsèques d'un jeune juif assassiné. J'ai été surpris de sa présence à l'enterrement vendredi, alors que par ailleurs il appelait au calme. Chacun se doit d'avoir une attitude responsable. Le fait que la mère de la victime soit une collaboratrice justifie sa présence.

Anonyme a dit…

J'irais même plus loin : le fait que la victime soit juive n'est pas une circonstance aggravante (si l'antisémitisme est avéré), mais une circonstance atténuante.

C'est pour cette raison qu'à l'indignation commune succèdera la gêne devant les manifestations "juives" qu'auront rejoint le quarteron d'élus habituel.
On excusera les coupables "plus volontiers" parce que la victime est juive, arguant de l'importation du conflit israélo-palestinien (sous entendant évidemment que l'israélien moyen est un barbare qui ne mérite que châtiment).

Le non-dit scellera l'alliance des adeptes de Dieudonné et des "antisionistes" comme Pierre Marcelle, celui qui murmure que "les médias" exagèrent, pas étonnant puisque "tenus par les juifs".

Ce n'est pas pessimisme, fatalisme outrancié que j'écris cela mais en faisant le lien avec la façon dont l'opinion a eu peu de considération pour les actes antisémites des dernières années que vous avez analysé dans votre livre, Sylvain, ainsi que pour l'absence totale d'empathie avec Israël lors des attentats.

Il faut s'y faire, le juif est "aimé" quand il est victime, non pas au sens d'un sentiment dont je viens de dire le peu d'expression collective, mais au sens de sa place dans le monde.

Anonyme a dit…

Je suis d'accord avec le fond de votre article Monsieur Attal.Toutefois, je déplore les récupérations politiques opérées par certaies plumes qui instrumenatlisent un acte criminel pour jeter l'opprobre sur des communautés, je pense notamment à élisabeth schemla qui se sert, dans ses éditoriaux, du fait que le leader de la bande soit noir et musulman pour racialiser le climat. Utiliser un fait divers exceptionnel, dont on ne connait pas encore les motivations puisque l'instruction est encore en cours, comme un exemple représentatif qui du "racisme noir", qui de la haine anti juive en banlieue est un procédé indigne.Face à une acte aussi odieux, on a besoin d'unité nationale, d' un discours rassembleur qui réaffirme les valeurs de la république, contre la barbarie.Or, certains d'évidence, veulent à tout pris communautariser le débat et désigner des groupes à la vindicte populaire.C'est tout à fait regrettable.

Sylvain Attal a dit…

Quand donc pourra t on parler de l'antisémitisme des banlieues, sans que tous les habitants des dites banlieues se sentent assitôt visés. Dire qu'il a une origine arabe (cf propagande antisémite satellitaire ou traduction des protocoles des sages de sions dans des pays qui ne traduisent à peu près rien etc...) sans que celà montre du doigt tout être humain d'origine arabe. Nous ne sommes pas prisonniers de nos origines! Nous sommes des êtres libres!
ce n'est nullement communautariser le débat. Quand on n'est pas raciste on ne tient pas pour responsable toute une "communauté" les actes réprhensibles de quelques uns, aussi influents soient ils.