Le blog de Sylvain Attal/ "La vie n'imite pas l'Art, elle imite la mauvaise télévision." W.Allen

23 septembre 2008

Le déclin de l'empire américain?

D'abord se méfier. Donc point d'interrogation de rigueur. Le déclin et même la fin de l'empire américain ont été annoncé moult fois, on sait ce qu'il en a été. Mais tout de même: Mille milliards de dollars? Comment supporter le prix astronomique, inouï du sauvetage d'un système financier infernal, totalement dérégulé qui menace de faire basculer le monde dans la récession? Comme toujours, les Etats-Unis feront appel aux acheteurs de bons de trésor, au premier rang desquels la banque de Chine, pour financer un déficit qui de colossal va devenir abyssal. Il va plus que doubler. Malgré ça, comme c' est très bien expliqué ici, cela ne devrait pas provoquer en soi une déterioration de la confiance que font les investisseurs dans le gouvernement américain. Les banques, qui étaient les vrais étendards de cet empire sans colonie, qui pouvaient s'endetter -et donc investir dans l'économie du monde entier- à hauteur de 30 fois leurs fonds propres, seront mises sous tutelle et devront être recapitalisées par des homologues étrangères ou s'ouvrir à des fonds souverains, venant le plus souvent de pays du golfe (ce qu'elles ont dejà commencé à faire). Il y a un an environ le gouvernement fédéral avait fait obstacle à l'aquisition des ports américains par les émirats. Cette fois il n'y a plus guerre le choix.En fait, ce sont des pans entiers de l'économie américaine, ses actifs symboles de sa souveraineté et de sa puissance qui seront ainsi bradés, sans que le gouvernement puisse faire quoi que ce soit pour stopper le mouvement. Quand au prochain président il sera pieds et poings liés et n'aura plus un sou pour financer ses promesses, qu'il s'agisse du système de santé- qui n'est pas prêt de voir le jour- ou de la guerre en Afghanistan ou en Irak.
Et là, on commence à pourvoir pronostiquer un recul de l'influence américaine dans le monde. Cette crise financière dont on n'a pas encore commencé de mesurer les effets marque la fin de la période commencée le 11 septembre 2001, durant laquelle l'hyperpuissance américaine se lançait quasiment seule dans la "guerre contre le terrorisme"afin de restaurer sa crédibilité. Cette crise n'efface pas la précédente mais s'y ajoute, ce qui complique encore davantage les problèmes du monde et le rend encore plus incertain et dangereux. Certains espèrent qu'au moins les Américains se montreront davantage disposés à la coopération avec leurs alliés naturels, notament en Europe. Ce serait un bien, mais n'est pas totalement certain. On ne doit d'ailleurs pas se réjouir de ce déclin relatif car le reste du monde n'est pas prêt à occuper la place que tenaient jusqu'ici les Etats-Unis, que ce soit en tant que garant de la sécurité ou comme moteur de la croissance mondiale. A terme, je crois que l'on peut faire confiance au génie américain pour sortir le pays de l'impasse, mais dans l'intervalle, ça va sérieusement tanguer!

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