Le blog de Sylvain Attal/ "La vie n'imite pas l'Art, elle imite la mauvaise télévision." W.Allen

07 septembre 2008

Sarkozy est-il un (mauvais) social-democrate?

On connait le principe des politiques social-démocrates: compenser le déséquilibre entre la rémunération du capital et du travail, financer la protection sociale au moyen de taxes et de prélèvements sur les revenus les plus élevés. Cet effet redistributif dont se charge la puissance publique, outre qu'il se réclame d'une certaine idée de la justice sociale a pour conséquence de soutenir la consommation (on prend à ceux qui épargnent pour donner à ceux qui n'ont pas de quoi consommer) et donc la croissance. Sauf que la mondialisation et le dérapage des dépenses de santé sont venus gripper cette belle mécanique qui fit les beaux jours de la gauche scandinave et dont nos gouvernements français de gauche comme de droite ont essayé de s' inspirer, sans toujours bien y arriver, même quand ils prétendaient au contraire mener des politiques socialistes ou liberales. Aujourd'hui en effet la distribution de pouvoir d'achat, au lieu de soutenir la croissance, aggrave le déficit du commerce exterieur (les gens achètent des écrans plats fabriqués en Chine) et la non maitrise des dépenses sociales est à l'origine d'une colossale dette publique. D'où l'interêt récent, en France, pour les politiques dites " de l'offre". On trouve ses adeptes aussi bien à droite qu'à gauche. Des socialistes comme Dominique Strauss Khan ou Michel Rocard admettent fort bien qu'on ne peut pas augmenter indéfiniment les impôts et que la justice sociale n'est pas proportionnelle au niveau de taxation. Le point de départ de ces politiques "de l'offre" est de constater qu'avant d'avoir des richesses à redistribuer il faut commencer par en produire, et donc que le rôle assigné à la politique économique doit être d'encourager l'industrie et les services en les aidant à accroitre leur compétitivité afin qu'ils créent de l'emploi et des revenus, l'Etat se chargeant dans un deuxième temps seulement de corriger les inégalités.
Pour cela, il faut non seulement maitriser les dépenses publiques mais rester à un niveau de taxation raisonnable. Or, de ce point de vue la France ne peut plus se permettre-et depuis bien longtemps déjà- d'augmenter les prélèvements obligatoires. Leur part représente 43,5% du Pib en 2007, soit à peine moins que les 44,9% du pic historique de 1999. Ce poids s'explique essentiellement par les besoins de financements de la Sécurité Sociale. Du reste on paye relativement peu d'impôts en France et beaucoup de cotisations sociales, c'est à dire qu'en France on continue de trouver plus normal de taxer les salariés que les rentiers et les héritiers, le travail, l'arbre, plutôt que son fruit. Resultat, très rapidement il n'y a plus de fruits... Lorsque tous les grands pays européens-y compris les social-democraties du nord de l'Europe- s'employaient à faire baisser les prélèvements obligatoires, la France, seule ou presque, continuait de montrer son incapacité à suivre ce chemin vertueux, s'obstinant à vivre au dessus de ses moyens. Résultat: nous avons aujourd'hui le record d'Europe des prélèvements. Et on continue!
Le RSA est une excellente disposition qui transformera un revenu d'assistance (le RMI) en une incitation à reprendre une activité. Encore eut-il fallu en limiter l'application dans le temps pour ne pas encourager la précarité sur fonds publics. Avouer que l'on est incapable de trouver 1 milliard et demi d'euros d'économies (ne serait-ce que dans des dépenses improductives, il ne s'agit pas de couper les dépenses de recherche et developpement d'ailleurs trop faibles) dans un budget de près de 1000 milliards est tout simplement à désesperer du génie français. Les plus démoralisés doivent être ceux qui ont voté pour Sarkozy en ésperant précisément une rupture avec les mauvaises habitudes du passé. Pour l'instant, à quelques exceptions près, comme celle du sénateur Alain Lambert, nul dans son camp ne cherche à le remettre dans le droit chemin de ses promesses électorales. La décision du Président (Le parlement n'a pas été consulté. On attend les effets de la réforme de la constitution avec impatience!) de le financer par une taxation de l'épargne est donc non seulement anti économique mais injuste socialement (le bouclier fiscal). Cela ressemble à une mesure de gauche, raison pour laquelle le PS et les medias politiquement corrects l'on d'abord saluée, mais c'est uniquement un trompe-l'oeil: On ne taxe pas les "gros" capitalistes (il n'y a qu'à voir le scandale du régime fiscal des stocks-option), mais seulement la consommation differée de millions de français moyens inquiets pour leur retraite. En espérant simplement que le prélèvement soit suffisament faible pour être indolore et donc sans conséquences politiques. Tout celà confirme que la politique économique n'a pas de pilote en France. D'ailleurs savez-vous qu' il n'y a même pas de conseiller en charge de l'économie à l'Elysée? A moins qu'Henri Gaino ne s'en charge. Dans ce cas, helas, tout s'explique.

Aucun commentaire: