Le blog de Sylvain Attal/ "La vie n'imite pas l'Art, elle imite la mauvaise télévision." W.Allen

18 novembre 2008

Chers camarades...

Bon calmons nous un peu et reprenons nos esprits, mes esprits, puisqu'au gout de certains je fais preuve de "naïveté" en parlant du combat de Ségolène Royal. Dois-je préciser que si j'ai consacré beaucoup de lignes (et même, compte tenu de ma production récente un nombre de lignes considérable) à la situation de ce parti, je n'ai strictement rien à voir avec lui. Plus rien à voir avec lui, plutôt, exactement depuis 1983. Date à laquelle je n'ai pas repris ma carte. Ça en étonnera peut-être plus d'un ici, mais si j'ajoute que déjà à l'époque j'étais rocardien, donc "droitier", ou "gauche américaine", ceux-là admettrons qu'il y a une sorte de continuité dans mes convictions. J'y ai gardé de très bons amis, comme Manuel Valls, je m'en suis fait d'autres en suivant la politique comme journaliste, Vincent Peillon, par exemple. Mon cas s'aggrave puisque ces deux-là, comme vous l'aurez remarqué, sont les plus éminents lieutenants de la dame de Poitou-Charente. En fait, il s'agit d' un hasard total, et au fond je m'en fous pas mal puisqu'il y a bien longtemps que ces choses ne m'interessent plus vraiment. J'aime bien aussi Benoit Hamon, par exemple, même si je pense à peu près le contraire de ce qu'il affirme. Comme quoi, moi je reste un bon camarade, bien que n'en étant plus stricto sensu. Depuis 1983, je me suis quand même un peu ouvert et j'apprécie de discuter, de rire parfois, avec beaucoup d'hommes politiques y compris- horreur!-des sarkozystes.
En fait, ce que je crois c'est que nous avons encore beaucoup de progrès à faire vers la démocratie en France. Jadis, le fonctionnement interne du PS pouvait être donné en exemple, aujourd'hui la seule chose qui en reste c'est le vote des militants sur le nom du premier secretaire. Jeudi prochain ils auront tout simplement le pouvoir de faire changer leur parti. Ce n'est déjà pas si mal, mais le lendemain on ne leur demandera dejà plus rien. En face ce n'est guère mieux puisque le parti majoritaire, l'ump, est aujourd'hui toujours présidé par Nicolas Sarkozy depuis l'Elysée ou il tient régulièrement des conseils restreints, certains week-end. A ce sujet Patrick Devedjian, secretaire géneral de l'ump, homme sympathique et estimable, en attente d'un marroquin a commis un beau lapsus dimanche soir sur Europe 1, en disant qu'il remettait son mandat "entre les mains du Président de la République..."
Bon, je ne cherche pas à transformer la France en démocratie scandinave, ou figurez-vous que les ministres payent leur loyer et font leurs courses avec leur propre carte bleue. Non, quand même pas! La France ne sera même jamais les Etats-Unis, ou Obama a été prié de se séparer de son Blackberry perso, car toutes les communications du Président étant propriété de l'Etat, le Congrès exige de pouvoir éventuellement accéder à ses mails qui doivent donc être archivés pour la postérité. Vous vous rendez compte, chez nous, le nombre de sms de Sarkozy-et pas seulement les milliers envoyés à Cécilia- disparus dans la nature! Ils vont pas rigoler les historiens de son quinquénat!
Pour en revenir à Ségolène Royal, je ne sais pas si elle ferait une bonne premier secretaire ou une bonne présidente, mais je ne suis convaincu par aucun argument de ceux qui la croient à peine capable d'apporter les cafés aux membres du Bureau National. Je trouve qu'elle mène sa barque avec intelligence, en évitant les initiatives personnelles qui avaient le don d'agacer ses alliés et conseillers. On lui reproche de presidentialiser le PS? Mais à quoi sert un parti politique sinon avant tout à prendre le pouvoir, puisque nous savons tous qu'une fois élus les Présidents (et c'est tant mieux) sont obligés de faire passer leurs idées après les réalités. Si demain Sarko est convaincu qu'il faut nationaliser les banques pour aider l'économie soyez sûrs qu'il le fera! Quand à cette histoire d'alliance avec le centre, mes amis, je vous conseille d'écouter la réponse de Martine Aubry à David Pujadas, dans le journal de 20 heures de ce soir, alors qu'il lui demande s'il n'y a pas de contradiction à la refuser tout en la faisant à Lille. J'ai eu beau l'écouter trois fois je n'y ai encore rien compris: A peu près ça: "J'étais contre les alliances locales, mais après avoir fait l'union de la gauche, je l'ai faite quand même avec des gens qui sont dans l'opposition à Sarkozy, et je ne le regrette pas, car ces gens vont nous rejoindre au Parti socialiste." Je n'exagère pas. Martine, si Ségolène en avait sorti une comme celle-là, qu'est-ce qu'on aurait entendu!

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