Le blog de Sylvain Attal/ "La vie n'imite pas l'Art, elle imite la mauvaise télévision." W.Allen

17 mars 2009

Colonna toujours






Je n'aime pas les comparaisons, et pourtant, un peu malgré moi, certaines images désagréables défilent en boucle: Les "sections spéciales" de Vichy administrant une justice politique...Ses verdicts au mètre. Le président de la cour d'assises jugeant Alfred Dreyfus hurlant à son avocat que "la question ne sera pas posée!", puisqu'elle n'offrait aucune réponse qui convenait à l'accusation et soulignait , au contraire, la légèreté de celle-ci. Ce procès Colonna m'obsède de plus en plus. Pas de reconstitution, pas de supplément d'enquête. La cour d'assises spéciale s'obstine. On sent en effet que le prévenu est condamné d'avance. J'ai même lu dans un compte rendu d'audience (je ne sais si ce détail ahurissant est vrai, ou s'il s'agit d'une coquille) que le président de la cour se serait laissé aller en lançant à Colonna que rien dans le dossier ne prouvait qu'il était innocent...
Je n'ai pas à me prononcer sur le fond de cette affaire, ni à faire part d'une "intime conviction". Je me souviens seulement avoir été bouleversé et révolté par l'assassinat du préfet Erignac, ému par la détresse de sa famille. Mais je sais seulement qu'au dessus de celà, il y a l'idée que je me fais de la justice et qui se résume simplement à ceci: je préfère un coupable en liberté qu'un innocent enfermé à vie.
Surtout, ce que j'ai le plus de mal à comprendre c'est que nous soyons si peu nombreux à nous alarmer de cette parodie de justice qui se déroule, là, sous nos yeux, non pas dans la Russie de Poutine mais dans la France de Sarkozy, et qui va -sauf coup de théatre- se solder par la condamnation d'un homme à la réclusion perpetuelle. Il y a bien Apathie qui raconte ici , pour s'en indigner, le dernier épisode- hallucinant- de cette mascarade: la réapparition d'un témoin "clé" de l'accusation, subitement guéri d'une dépression, immédiatement après que la défense a annoncé son retrait du procès et ne peut donc plus l'interroger! Et que dire de la chancellerie et, encore plus étonnant de l'opposition, totalement muette et qui préfère concentrer ses tirs sur la réintégration du commandement de l'Otan qui alimente ses fantasmes d'alignement sur les Etats-Unis. Colonna sera donc vraissemblablement condamné, en vertu de la plus sombre raison d'Etat. Reste à espérer qu'il reste encore, à la cour de cassation, quelques magistrats qui disposent encore d'une conscience pour dénoncer ce déni de justice.

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